Christophe Sanou, secrétaire général du CDP/Houet : «J’ai été surpris par la démission d’Alfred Sanou »
- Écrit par Webmaster Obs
- Imprimer
La nouvelle de la démission d’Alfred Sanou du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), section du Houet, en mai dernier avait fait, on se rappelle, l’effet d’une bombe dans le landerneau politique bobolais. Celui qui était en effet présenté comme le pilier du CDP/Houet post- insurrection a choisi de fausser compagnie à ses camarades pour rejoindre avec armes et bagages les rangs du MPP. Cette démission diversement appréciée dans les milieux politiques est pourtant loin de perturber le secrétaire général provincial du parti de l’épi et de la daba et maire de l’arrondissement n°5 de Bobo. Christophe Sanou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, affirme n’être nullement bouleversé par le départ de son désormais ex- compagnon de lutte ; même s’il reconnaît dans cette interview qu’il nous a accordée mardi, dans son bureau, que le rôle du démissionnaire a toujours été déterminant dans le renforcement du parti dans la province. Mais avant de commencer, il nous parle de son mandat à la tête de l’arrondissement n°5.
Nous sommes presque au terme de ce premier mandat des élus locaux. En tant que maire de l’arrondissement n°5, pensez-vous avoir pleinement joué le rôle qui était le vôtre dans le développement de la commune de Bobo ?
Je ne peux pas dire que j’ai pu atteindre mes objectifs au cours de ce mandat. En tant qu’élu, j’avais le devoir de travailler pour répondre aux attentes de la population dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le bilan pour moi n’est pas reluisant et il faut le dire ouvertement. Parce qu’en arrivant nous avions des ambitions et des projets de développement que nous n’avons malheureusement pas pu réaliser. Mais comme vous le savez, les choses ne sont pas toujours faciles pour les maires d’arrondissement que nous sommes. Nous n’avons pas eu l’accompagnement nécessaire pour pouvoir atteindre nos objectifs.
Qu’est-ce qui vous tenait surtout à cœur et que vous n’avez malheureusement pas pu réaliser au cours de ce mandat ?
Le problème majeur à l’arrondissement n°5 concerne l’assainissement. Nous avons de sérieux problèmes d’évacuation des eaux dans la zone ; et je suis peiné de constater que les habitants de plusieurs secteurs tels que le 17, le 25 et le 5 continuent de vivre le même calvaire à chaque saison des pluies. Ce que nous avons pu faire avec les moyens du bord est insignifiant par rapport aux besoins réels des populations. Le chantier est encore immense, aussi bien dans l’arrondissement n°5 que dans toute la ville de Bobo.
Les Bobolais veulent aussi des routes dans une ville qui s’est considérablement étendue ces dernières années. Aviez-vous aussi des projets à ce niveau ?
Lors de sa récente visite sur le chantier de bitumage de l’avenue de l’insurrection populaire à Sarfalao, j’ai eu à échanger avec le ministre des Infrastructures et j’ai été clair avec lui sur les priorités actuelles de la ville en matière de routes. Bobo-Dioulasso a aujourd’hui besoin de voies de servitude. Et pour moi, l’une des priorités aujourd’hui en matière de route, c’est la voie passant devant la mosquée communément appelée « Kabakourou Missiri » à Sarfalao pour rejoindre le port sec en passant par la station Total du secteur 25. C’est une voie stratégique qui va largement contribuer à désengorger l’avenue de l’Union européenne et faciliter dans le même temps le trafic pour les habitants des quartiers « est » de la ville et pour ceux en provenance de la capitale. Au niveau du secteur 24 aussi, il est aujourd’hui urgent de bitumer la voie passant devant le CSPS pour rejoindre le secteur 32. Vous savez que la ville est traversée par le marigot Houet et que le seul pont digne de ce nom qui relie plusieurs secteurs des arrondissements n°4 et n°5 au reste de la ville se situe au niveau de l’Hôtel IBA sur l’avenue de l’Union européenne. Si ce pont venait à céder, Bobo serait coupée en deux. Nous saluons les efforts du gouvernement en matière de route mais il faut reconnaître qu’il y a encore du travail à faire à Bobo.
Vous êtes le seul maire issu de l’opposition dans la ville. Cela a-t-il été un handicap pour vous ?
Non, pas du tout. Je suis très à l’aise dans mon travail et j’entretiens d’excellents rapports de collaboration avec les autres maires de la ville. Il est vrai que de temps à autre, certains sont réticents à venir vers moi de peur d’être taxés d’être de connivence avec l’opposition. Mais personnellement, je ne considère jamais la couleur politique comme un problème quand il s’agit de travailler pour le développement de cette commune. Même si nous avons des divergences par moments, nous mettons toujours en avant l’intérêt supérieur de la commune de Bobo.
Mais vous étiez récemment en désaccord avec le maire de la commune sur la construction du marché du secteur 17. Où en sommes-nous avec le problème ?
C’est toujours le statu quo. Nous pensions que les choses allaient être relancées au niveau de l’Agence française de développement (AFD) mais jusque-là, toujours rien. Nous sommes dans l’attente de connaître la suite à donner à ce projet. Il peut y avoir des divergences sur certaines questions comme c’est le cas dans cette affaire de construction du marché au secteur 17. Mais cela ne veut pas dire que la collaboration s’est arrêtée entre le maire central et moi. Nous continuons à travailler ensemble.
Votre parti, le CDP, a beaucoup fait parler de lui ces derniers temps avec la démission du Dr Alfred Sanou. Faut-il penser que plus rien ne va au CDP/Houet ?
Pas du tout. Le CDP/Houet se porte assez bien. C’est un militant qui a choisi de partir et nous ne pouvons que respecter son choix. Personnellement, j’ai été surpris par la démission d’Alfred Sanou. Vous savez, nous sommes en politique et tout y est possible. Alfred Sanou est mon aîné et je le respecte beaucoup, surtout qu’il a beaucoup d’expérience dans la politique. En tant que secrétaire général de la section provinciale du parti, je ne peux que prendre acte de ce départ. Nous allons continuer à travailler pour le renforcement des acquis du parti dans la province.
Pour de nombreux observateurs, c’est une démission qui va fragiliser les bases du parti dans la province. Etes-vous de cet avis ?
Je reconnais qu’Alfred Sanou était un poids lourd du CDP/Houet. Je reconnais aussi qu’il a largement contribué à maintenir la flamme du parti dans le Houet, après l’insurrection populaire d’octobre 2014. Il serait vraiment illusoire pour nous de penser que sa démission n’aura pas de conséquences sur la vie du parti. Je l’ai côtoyé pendant longtemps et l’une de ses forces, c’était sa capacité à demeurer à l’écoute des Cdpistes à la base, quel que soit leur degré de militantisme. C’est un homme très social et qui ne manque jamais de soutenir moralement et financièrement ses militants. Si vous vous adressez à n’importe quel autre militant du parti, il vous dira du bien d’Alfred Sanou. Mais cela ne veut pas dire que son départ sonne la mort du CDP/Houet, loin de là ! Nous allons resserrer les rangs et continuer la lutte pour relever les nouveaux défis. Le CDP/Houet se porte bien, les militants restent mobilisés dans les structures et nous travaillons à consolider nos acquis.
Pourtant, selon certaines indiscrétions, le maire Christophe Sanou serait lui aussi sur la ligne de départ à la fin de son mandat.
(Rires). Je suis CDP et je suis le secrétaire général provincial du CDP dans le Houet. Les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent. Nous sommes en politique et on ne peut pas échapper aux critiques ni à certaines allégations. Je le répète, je suis CDP.
Pour certains, Alfred et Christophe constituent une paire inséparable sur l’échiquier politique bobolais. Etes-vous de cet avis ?
Je dis que je suis et je reste CDP. Alfred Sanou a changé de camp, certes, et moi je continue à militer au CDP. C’est cela la réalité en ce moment. Un point un trait.
Propos recueillis par Jonas Apollinaire Kaboré